lundi 6 janvier 2014

Anguilla

A quelques miles dans le nord de Saint-Martin, Anguilla, ancienne colonie Britannique, s'offre à nous pour une escale de quelques jours. Nous retrouvons le calme d'un mouillage bien abrité. Saint-Martin n'en possède que très peu, hormis les marinas hors de prix. Nous apprécions, donc cette quiétude retrouvée sur l'eau, un peu tristes de quitter notre pote François et les copains Honfleurais en villégiature tropicale. C'est le propre de l'esprit nomade que nous avons souhaité donner à notre vie. Mais, les cœurs sont remplis de bons moments partagés et nous nous reverrons.
Autre élément que nous avons retrouvé, internet. C'est incroyable, sur l'île d'en face, les connexions sont très bonnes. J'en profite pour mettre à jour le blog et traiter tous les mails en souffrance.




Figure de proue.

Mirage où pas ?
C'est Sandy Island, un banc de sable planté de cocotiers au milieux de l'eau.
J'ai cru apercevoir Robinson Crusoé qui nous faisait des signes !

Je me réveille, en ce matin du 6 janvier, vers 6 heures, heure habituelle. Je suis souvent le premier levé. J'apprécie ce moment dans la torpeur du petit matin, le soleil pointe ses premiers rayons. Je contemple sereinement le paysage et la nature déjà très active. Une tortue qui respire par ici, un couple de pélicans qui pêche leur petit déjeuner par là et les innombrables poissons qui sautent pour tenter d'échapper à leur prédateur. Je pense que je préfère, de loin, être un humain devant son café à l'heure du p'tit dej.

Tiens, Ti pirate pointe sa tête dorée à travers la porte du carré et vient se blottir dans mes bras pour, à son tour, observer les alentours. Nous restons là de longs moments, tous les deux, dans le silence, entrecoupé par des "Papa, Pourquoi ceci ou pourquoi cela ?". Bien que ne possédant pas toujours les réponses, je me plie de bonne grasse à ce rituel, c'est aussi un des buts de notre voyage, que de susciter la curiosité de notre fils aux choses qui l'entourent. De le voir grandir, souriant, curieux, doré comme le métal le plus précieux me rempli de bonheur.


Sandrine, surnommé "la princesse" tous les matins (cela n'a pas l'air de lui déplaire), annonce son apparition en faisant grincer les planchers du carré sous ses pas. Enfin, le plateau, avec tartines, beurre, confiture, à la main, elle gravit les trois marches de la descente. Les yeux encore mi clos et la peau de la joue légèrement fripée par un oreiller trop moelleux, nous échangeons les premiers baisers.

L'équipage, maintenant au complet, entame son troisième mois de vie à bord. Sans parler de bilan, nous ne sommes qu'au début de notre aventure. Nous pouvons, tout de même, faire un petit point.

La vie dans un univers clos comme un bateau, malgré l'espace autour, peut s’avérer très oppressante, nous vivons en permanence 24 h sur 24 tous les trois avec nos caractères et humeurs, parfois nos stress.

Premier constat, nous avons adopté une philosophie dés le départ, "nous ne sommes pas en vacances, nous avons opté pour un style de vie". Cela ne parait pas grand chose et la frontière entre les deux est mince, mais elle est, pour le moment, suffisante pour supporter les inconvénients de la vie de marin. La promiscuité, les aléas météorologiques, l'inconfort d'un mouillage, le soucis permanent de la sécurité du bateau, les communications avec les proches parfois difficiles. Tout cela fait partie intégrante de notre vie, nous l'acceptons et nous le gérons plutôt bien.
Ti pirate, quant à lui, s'est adapté de manière remarquable." Heureux", c'est le mot qui me vient à l'esprit. 
Nos craintes, pour lui, étaient de l'isoler de ses camarades et autres enfants de son age. Il est fils unique et vivre avec papa, maman toute la journée et tous les jours pouvait être pesant et une entrave à sa sociabilisation. 
Il n'en est rien, ce n'était que des craintes d'adultes, certes responsables mais qui sous estimaient la faculté d'adaptation des enfants.
Ses journées s’enchaînent sans se poser de questions et il ne manque pas de partager quelques bons moments avec des camarades de son age, ou même des adultes, rencontrés au hasard des escales. 
Nous avions souhaité garder contact avec ses camarades de classe resté à Honfleur avec la complicité des maîtresses de son école et à chaque nouveaux mail il est ravi de voir ses copains. Merci à ces maîtresses qui prennent le temps de suivre ce blog et d'échanger avec notre Ti pirate. Ses meilleurs copains et copines suivent aussi notre parcours, on les embrasse.



L'école à bord reste le point noir et il faut faire preuve de ténacité pour suivre les cours du CNED. Mais, dans l'ensemble, la maman y arrive plutôt bien, certains jours plus que d'autres. Après tout, il y a tellement de tentations et de distractions vues du cockpit de rêve bleu, qu'il est difficile de se concentrer.
Je ne parlerai que très peu de Sandrine, afin de ne pas déformer ses états d'âme. Je soulignerai juste le fait qu'elle me surprend et je le lui ai dit. Elle s'est adapté à cette vie de façon remarquable. Notamment et il y aurait d'autres exemples, lorsque nous étions bloqué par les conditions météos à l'anse Colombier à St Bart. Nous n'avons pas pu débarquer du bateau pendant, pratiquement, 5 jours. Et bien, rien, aucune plainte, aucune mauvaise humeur. Elle a vraiment intégré cette nouvelle vie. Chapeau !
Sa famille lui manque et internet ne suffit pas toujours à apaiser ce manque. Nous discutons ensemble et la raison finit par prendre le dessus pour qu'elle vive pleinement cette aventure.


Pour ma part, c'est toujours le rêve que j'ai poursuivis depuis longtemps. Je n'avais aucune crainte sur les facultés d'adaptation des uns et des autres. 

La réalité, aujourd'hui, est une chance unique de vivre une aventure hors du commun et elle s'écrit chaque jours. Loin de la déprime métropolitaine, je me ressource. 
Les images, les odeurs, les échanges et rencontres me nourrissent. J’emmagasine de l'énergie pour les années futures. L'eau est mon philtre de jouvence, le ciel mon inspiration et l'air le moteur qui m’emporte plus loin. 
Que sortira-t-il de cette parenthèse existentielle ? Je n'en sais rien. 


Il me vient en mémoire la chanson de Jean Gabin, "Je sais" et cela me fait sourire.
L'incertitude n'est-elle pas un des moteurs de l'existence?







1 commentaire:

  1. Ola les amis! Je suis ravie de lire un tel post et de voir vos superbes bronzages. L'aventure semble vous aller a merveille, profitez en. J'ai un excellent souvenir d'anguilla, de son sable et de ses eaux poissonneuses. J'ai ecrit un mail a sandrine j'espere qu'elle l'a eu. Des bizz, envoyez nous un peu de soleil. On vous embrasse de jobles. Isabelle, yann et hugo.

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